La Tunisie a été mon premier « grand » voyage : premier vol en avion, premier dépaysement, première rencontre avec une autre culture, avec une autre langue.
J’avais déjà entendu ma grand-mère raconter ses souvenirs d’enfance, son affection pour ces étendues tour à tour luxuriantes ou arides, la chaleur des relations entre familles françaises et tunisiennes à cette époque et la force des liens crées.
J’aurais pensé qu’avec l’indépendance les Tunisiens se seraient « éloignés » des Français, mais j’ai pu constater qu’il n’en est rien. De partout, nous avons été accueillis avec sourire, chaleur et sincérité. D’abord, tous les Tunisiens parlent très bien notre langue et ça, c’est déjà une preuve d’un réel attachement. Ca m’a permis de me sentir à l’aise et de communiquer facilement dans la rue ou dans les boutiques, dans les sites naturels et historiques où j’ai ressenti que les Tunisiens aimaient beaucoup les enfants.
J’avais la chance d’être dans la voiture de notre guide, Youssef, à qui j’ai pu poser toutes sortes de questions et qui s’est appliqué à me faire comprendre et apprécier son pays.
Ma mère étant institutrice, j’ai particulièrement aimé la visite de l’école de Metlaoui. J’ai trouvé que c’était une chance exceptionnelle de pouvoir faire une telle visite, d’être là au plus près des enfants tunisiens et de leurs enseignants.
La réception à la Direction de la Compagnie des mines de phosphate de Gafsa à Moulares a aussi été pour moi un moment fort du voyage. J’étais sur les traces de mes arrière-grands-parents. J’adore l’Histoire et j’ai eu l’impression que tous ces membres de L’Amicale tunisienne des anciens, dont Monsieur Belgacem était le porte-parole, m’aidaient à découvrir une partie de mes racines.
A Moulares, j’ai fait la connaissance de Béchir. Ce monsieur, maintenant âgé d’environ 75 ans, était le jardinier et ami de
la famille lorsque ma grand-mère, alors toute petite vivait en Tunisie. Nous ne l’avions pas prévenu ni par courrier, ni par téléphone de notre visite. Youssef, notre guide, nous a proposé de le faire. Ma grand-mère lui a répondu : « Inutile, je sais qu’il sera là. ». En effet, à la sortie des bureaux de la Compagnie, Béchir était là avec son vélo. Il a dit à ma mamie : « J’ai entendu dire qu’il y avait des Français qui venaient aujourd’hui. Je savais que tu serais là. ». Cette rencontre m’a vraiment marquée. Elle illustre à elle toute seule la puissance des liens qui unissent encore aujourd’hui Tunisiens et Français de Tunisie.
Elisa
Petite fille de Dany NOEL / DALL OPPIO